Les musées de Dijon

La direction des musées regroupe les cinq musées de la ville de Dijon : le musée archéologique, le musée d’Art sacré, le musée des Beaux-Arts, le musée François Rude et le musée de la Vie bourguignonne. Tous deviennent musée de France en 2003.

La direction des musées

Dans une démarche active de transmission des connaissances, de conservation et de médiation, leur projet majeur est de participer au rayonnement de la ville et de la métropole en s’adressant à tous les publics.  Indissociables de l’histoire de la Bourgogne, ils ont pour objectif de favoriser le dialogue et les passerelles entre les musées et le patrimoine d’une ville qui bénéficie depuis 2008 du label « Ville d’art et d’histoire ».

Si chaque musée a ses collections spécifiques – archéologie, ethnologie, art sacré, beaux-arts, art moderne et contemporain – ensemble, ils sont liés à un patrimoine exceptionnel reconnu sur un plan international et révèlent le portrait inédit de Dijon et de son territoire. Parfois leurs collections dialoguent naturellement avec les rues, les places, les paysages… et rappellent les mutations esthétiques, historiques et socio-économiques de la Cité des Ducs. Régulièrement, les musées œuvrent à développer et valoriser leurs parcours et leurs riches collections à travers des accrochages renouvelés et des opérations événementielles. Ils proposent de grandes expositions destinées au public local, national et international sur des sujets variés, qu’ils soient sociétaux, préhistoriques ou liés à l’histoire de l’art depuis l’Antiquité à l’art contemporain.

Dans une démarche de démocratisation culturelle, d’inclusion et de cohésion sociale, la direction des musées de Dijon s’attache à toucher l’ensemble des publics en menant des opérations participatives et des actions de médiation ouvertes à tous. Laboratoires de recherches et d’expériences, les musées de Dijon sont à la fois des lieux de conservation et de transmission du patrimoine, d’apprentissage et de découverte, d’appropriation et de partage.

© musée archéologique de Dijon/ Philippe Bornier

Le musée archéologique occupe le dernier bâtiment conventuel de l’abbaye de Saint-Bénigne. Différentes phases de sa construction sont aujourd’hui visibles. La première conservée est datée du 11e siècle : le bâtiment formait alors l’aile est du cloître ; la partie sud était occupée par la salle capitulaire et la partie nord par la salle de travail des moines. Cet étage forme à ce jour le niveau 0 du musée où il est semi-enterré, mais il était de plain-pied au 11e siècle. Le premier étage du bâtiment roman était occupé par un dortoir voûté d’ogives au 13e siècle. Il forme le niveau 1 du musée, actuellement de plain-pied, car les moines mauristes rehaussèrent le cloître au 17ᵉ siècle. Ces derniers modifièrent également l’aspect du bâtiment, notamment par l’ajout d’un étage pour des cellules des moines – aujourd’hui le niveau 2 du musée- et par l’installation d’un large escalier distribuant encore les différents étages.

Le musée archéologique, qui présente les collections initialement rassemblées par la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, s’y installe en 1934. Il devient municipal en 1955 et se déploie progressivement dans tout le bâtiment, grâce aux enrichissements issus d’opérations archéologiques récentes et d’acquisitions. Les collections prestigieuses qu’il renferme le positionnent comme un lieu muséal incontournable de l’est de la France.

Les collections du musée

La visite commence au niveau 2, où elle est consacrée à une présentation des collections régionales et plus particulièrement de la Côte-d’Or, selon une séquence chronologique s’étendant de la Préhistoire au Haut Moyen Âge. Des découvertes majeures y sont exposées, comme le dépôt de l’âge du Bronze de Blanot, le poignard à antennes hallstattiens de Larçon, les collections provenant de sites gallo-romains de Mâlain et de Selongey, ainsi que des parures en métaux précieux issues de sépultures mérovingiennes. Le niveau 0 abrite les remarquables ex-voto en bois, en métal et en calcaire issus des fouilles du sanctuaire des Sources de la Seine, ainsi que l’unique statuette en bronze connue représentant la déesse Sequana. À ce niveau est également présentée la riche collection de stèles gallo-romaines, dont l’incontournable stèle dite du marchand de vin. La visite se termine par le dortoir, au niveau 1, qui conserve des œuvres majeures de la sculpture médiévale romane et gothique, témoins d’édifices prestigieux dont le Dijon médiéval pouvait s’enorgueillir : l’abbaye Saint-Bénigne, les églises Notre-Dame et Saint-Philibert, la Sainte-Chapelle de l’hôtel ducal, la Chartreuse de Champmol ou encore le château royal de Louis 11. Sauvés du démantèlement d’édifices religieux sous la Révolution, d’autres éléments architecturaux témoignent des monastères florissants du département, tels que celui de Saint-Seine ou de Moutiers-Saint-Jean.

© musée d’Art sacré de Dijon/ Philippe Bornier

Le musée d’Art sacré est rattaché depuis le 1er juillet 1993 au musée de la Vie bourguignonne.

En 1970, le Chanoine Jean Marilier assume les missions de Conservateur des Antiquités et Objets d’Art et rassemble dans les réserves du musée des Beaux-Arts de Dijon des œuvres en péril (textiles, statues en bois pulvérulentes…) provenant des églises de Côte-d’Or. En effet, Dijon n’étant siège d’évêché que depuis 1731, il n’y a pas de trésor de cathédrale qui, selon les termes de la loi de 1913 sur les Monuments historiques, regroupe les œuvres d’art sacré du département, en péril.

Il siège également à la commission départementale des arts sacrés où les membres, inquiets de la précarité du patrimoine religieux des églises de Côte-d’Or, mobilisent à partir de 1972, les instances d’État responsables du patrimoine, pour faire aboutir leur projet : mettre à l’abri le patrimoine religieux dans un dépôt fiable.

La Charte culturelle signée entre la Ville de Dijon et le Secrétariat d’État à la Culture le 9 juillet 1975 enregistre cette volonté : « l’église Sainte-Anne sera aménagée par la Ville en dépôt d’objets d’art sacré ».

Au lendemain de la Révolution, cette église dite chapelle Sainte-Anne avait déjà accueilli des œuvres provenant des églises désaffectées ou des couvents détruits (baldaquin de Jean Dubois provenant du couvent de la Visitation de Dijon par exemple). En 1975, on compte 138 objets à l’inventaire. Entre 1976 et 1979, 75 objets entrent en dépôt et 34 sont acquis. Après une exposition de préfiguration en 1979 – qui a sensibilisé l’opinion en mettant l’accent sur la sécurité – le musée ouvre de façon permanente le 27 juin 1980. Un coffre-fort, installé par les Monuments historiques dans une armoire de la sacristie des religieuses rassure les communes qui mettent 95 objets en dépôt.

Les collections du musée sont constituées de collections appartenant à la Ville de Dijon (dons, legs, achats, reversements entre les services municipaux) et de dépôts. Les dépôts sont d’origines diverses : dépôts des communes du département, de l’État, de l’Association diocésaine, du Centre Hospitalier Universitaire de Dijon, de communautés religieuses féminines.

L’ensemble compte 6 120 objets dont 1 706 dépôts (168 objets bénéficient d’une protection au titre des Monuments historiques).

© musée des Beaux-Arts de Dijon/ Philippe Bornier

Le musée des Beaux-Arts de Dijon est l’un des plus anciens de France – sa création officielle remonte à 1799 – et il est également l’un des plus riches, avec plus de 140 000 œuvres.

Installé dans une partie du palais des ducs et des États de Bourgogne – un ensemble de bâtiments dont la construction s’est étalée du 14ᵉ au 19ᵉ siècle – le musée se déploie aujourd’hui sur près de cinq mille mètres carrés de surface d’exposition.

Les ducs de Bourgogne

En 1363, Philippe le Hardi, quatrième fils du roi Jean 2 le Bon reçoit le duché de Bourgogne en apanage et s’installe à Dijon où il entreprend très vite la rénovation de l’ancien palais des ducs capétiens.  Ses successeurs, Jean sans Peur et Philippe le Bon poursuivront les travaux d’agrandissement et d’embellissement du palais. La salle majeure du palais est la salle des Festins, devenue salle des Gardes au 17ᵉ siècle, puis salle des Tombeaux depuis l’installation des cénotaphes provenant de la Chartreuse de Champmol au début du 19e siècle.

L’École de dessin Devosges

En 1766, comme de nombreuses villes françaises, Dijon se dote d’une École de dessin sur la proposition du sculpteur François Devosge (1732-1811).  À partir de 1775, les États de Bourgogne organisent un concours permettant aux jeunes artistes de l’École de Dijon de se perfectionner pendant quatre ans à Rome. Ces derniers avaient pour obligation d’envoyer à Dijon quelques dessins, mais aussi la copie d’une peinture d’un grand maître pour les peintres et la copie d’un antique pour les sculpteurs. Ces envois d’œuvres vont constituer le fonds originel du musée dès la fin du 18ᵉ siècle.

Afin de loger décemment l’École de dessin et ses collections, les États de Bourgogne décident en 1781 de construire une aile orientale au palais.  Cette aile abrite aujourd’hui encore les deux salles historiques de l’École de dessin : le Salon Condé, ainsi dénommé en l’honneur des Princes de Condé, gouverneurs des États de Bourgogne, et la Salle des Statues.

La naissance du musée des Beaux-Arts

Au milieu du 18ᵉ siècle, l’aile Est du bâtiment est aménagée pour accueillir le musée naissant. Le premier noyau de collections est progressivement enrichi par les saisies révolutionnaires. Le musée ouvre officiellement au public en 1799.

Les collections sont complétées, entre 1804 et 1812, par le dépôt à Dijon de 72 tableaux venant du Muséum central des arts qui deviendra le musée du Louvre. Tout au long du 19ᵉ siècle, le musée s’enrichit encore grâce à une politique d’acquisition ambitieuse et à de nombreux dons et legs d’amateurs et d’artistes.

Il faut attendre le milieu du 20ᵉ siècle pour que l’art contemporain entre dans les collections de Dijon. Pierre et Kathleen Granville offrent en effet une collection de plus de mille objets à la Ville en trois donations (1969, 1974, 1986), complétée par la seconde épouse de Pierre, Florence Granville en 2006.

Aujourd’hui, les collections du musée s’enrichissent sans cesse : des œuvres d’artistes majeurs de l’art contemporain sont ainsi entrées dans les collections, comme Yan Pei-Ming, Fabienne Verdier ou Claude Garache.

© Musée François Rude/ François Jay

Le site de l’ancienne église Saint-Étienne offre un exceptionnel parcours à travers l’histoire de Dijon, depuis ses origines antiques avec l’édification des murailles du castrum, au 3e siècle après Jésus-Christ Succursale de l’évêché de Langres au 5e siècle, le site devient au Moyen Âge une importante abbaye urbaine, qui joua un rôle majeur dans la vie religieuse de Dijon jusqu’à la Révolution.

Aux origines du musée

L’église est désaffectée en 1792 et transformée en halle au blé. L’édifice est acheté par la Ville de Dijon en 1809 et sert à divers usages : corps de garde, magasin et atelier pour les décors du théâtre, etc. L’église est classée Monument Historique en 1862.

On s’interrogea ensuite pendant de longues années sur sa destination : transformation en bourse de commerce (1864), réaffectation au culte (1868), hôtel des Postes et Télégraphes (1885). En 1896, on établit finalement la Bourse de Commerce dans la nef (devenue Chambre de Commerce d’Industrie jusqu’en 2008) et un magasin de décor de théâtre dans le transept. C’est ce dernier espace qui est choisi après la Seconde Guerre mondiale pour accueillir le musée Rude.

Les collections du musée

Dédié au sculpteur François Rude (Dijon, 1784 – Paris, 1855) ce musée présente des moulages en plâtre des œuvres les plus célèbres de l’artiste, dont, le fameux relief de l’Arc de Triomphe à Paris, Le Départ des Volontaires de 1792 (dit aussi La Marseillaise).

De 1887 à 1910, le musée de Dijon avait fait réaliser une quarantaine de moulages d’œuvres de Rude ne se trouvant pas dans ses collections. Cette campagne dénotait l’intention d’illustrer au mieux l’œuvre du sculpteur dijonnais, en particulier avec des moulages de pièces de la période belge et de celles présentées aux Salons. Citons les reliefs du château de Tervueren, Mercure rattachant ses talonnières, le Gisant de Cavaignac, Jeanne d’Arc écoutant ses voix ou Gaspard Monge et Le Maréchal Ney. Cet ensemble est complété en 1947 par l’envoi par l’État du moulage du Départ des Volontaires de l’Arc de Triomphe de la place de l’Étoile à Paris. L’ensemble forme depuis le musée François Rude, ouvert comme annexe du musée des Beaux-Arts, en complément des œuvres originales exposées au musée. Il présente aujourd’hui 19 moulages inscrits à l’inventaire du musée des Beaux-Arts.

© Musée de la Vie bourguignonne/ Philippe Bornier

Installé dans le cloître des Bernardines depuis 1985, le musée de la Vie bourguignonne propose de découvrir l’histoire et l’ethnographie de la Bourgogne, en particulier Dijon, à travers près de 35 000 objets et œuvres d’art.

Aux origines du musée

La première abbaye cistercienne de femmes est fondée à Tart, en 1125. En 1625, une partie de la communauté s’installe à Dijon. Le premier monastère est construit à l’emplacement actuel du musée en 1624. Il s’étend sur l’ensemble du site avec la construction du cloître de 1679 à 1681, la maison de l’aumônier en 1693 et la maison des Sœurs tourières en 1767. L’église Sainte-Anne, où se trouve aujourd’hui le musée d’Art sacré, est édifiée entre 1699 et 1708. Après la Révolution française, les religieuses sont forcées de quitter les lieux, où s’installera en 1803 l’hospice Sainte-Anne. Fondé par Pierre Odebert et Odette Maillard en 1633, l’hospice accueille des orphelines et est rattaché à l’Hôpital général au 19ᵉ siècle. Le site Sainte-Anne en accueillera d’ailleurs d’autres services jusqu’en 1983 : l’École régionale d’infirmières et d’assistantes sociales, l’administration du Foyer de l’enfance, le service des Prématurés et un lactarium.

La naissance du musée de la Vie bourguignonne

C’est en 1985 que le monastère accueille le musée de la Vie bourguignonne. La même année, il devient musée municipal. Au rez-de-chaussée, les mises en scènes évoquent une image reconstituée et parfois imaginée de la Bourgogne rurale du 19ᵉ et du début 20ᵉ siècle.

Maurice Bonnefond Perrin de Puycousin, né à Tournus (Saône-et-Loire) en 1856, est à l’origine de ces collections. Inspiré par Frédéric Mistral, fondateur du Museon Arlaten, il va collecter très amplement entre 1880 et 1920 : meubles, costumes, coiffes, ustensiles… Après la création d’un premier musée à Tournus, il fait don de sa collection à la ville de Dijon en 1935 pour la création d’un musée bourguignon qui ouvre rue des Forges en 1938. Après sa mort en 1949, le musée continue de recevoir de nombreux visiteurs. Il ferme en 1970 et la gestion de ses collections est confiée à un conservateur du musée des Beaux-Arts, avant d’intégrer le musée de la Vie bourguignonne en 1985.

Les collections du musée

Les présentations visibles au rez-de-chaussée du musée sont des reconstitutions synthétisées de l’ancien musée Perrin de Puycousin.

Au deuxième étage du musée se trouve la rue des commerces, fruit d’un important travail de collecte ethnographique par le musée, ainsi que des présentations dédiées aux industries dijonnaises, mais aussi des éléments sur l’histoire de la ville et de ses habitants et habitantes.

Le musée continue d’explorer et documenter le passé mais aussi le présent de la Bourgogne et de Dijon. Par l’étude et l’enrichissement des collections et via l’offre culturelle et de médiation, le musée vit et se transforme en permanence.