À l'occasion des Jeux Olympiques 2024, partez à la découverte des disciplines sportives représentées dans de nombreuses œuvres. Saurez-vous les retrouver ? Prêtez-vous au jeu et parcourez les différentes salles du musée des Beaux-Arts à la rencontre de ces œuvres de toute époque !
Gladiateur combattant de Pierre Petitot
Pierre Petitot, copie d'après Agasias d'Ephèse, Gladiateur combattant, 1786, marbre
Saisie révolutionnaire, 1799
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
Né à Langres en 1760, Pierre Petitot intègre l'école de dessin des États de Bourgogne, alors dirigée par François Devosge, dès 1771. Il remporte le prix de Rome de sculpture en 1784 et part pour l'Italie avec le peintre Pierre Paul Prud'hon.
En avril 1786, il commence à travailler à son envoi de Rome, une copie en marbre du célèbre Gladiateur Borghèse, sculpture antique découverte au sud de Rome au début du 17e siècle et conservée dans la collection de la famille Borghèse qui lui donne son nom.
La genèse de cette copie est bien connue grâce aux échanges épistolaires que l'artiste entretient avec son ancien professeur Devosge.
Dans une lettre datée du 10 avril 1786, Petitot mentionne ainsi qu'il « a monté son plâtre devant l'original à la villa Borghèse après avoir obtenu la licence du prince » et que par conséquent on peut « compter sur la justesse du mouvement et de l'ensemble ». La sculpture est envoyée à Dijon l'année suivante, et installée dans la salle des Antiques qui accueille les copies de sculptures gréco-romaines servant de modèles pour les élèves de l'École de dessin.
L'œuvre est à retrouver dans la salle des Statues au musée des Beaux-Arts
Match de rugby de Jacques-Emile Blanche
Match de rugby de Jacques-Emile Blanche
1935, huile sur toile
Don de l'artiste, 1938
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
Né en 1823 en Angleterre et ses règles fixées en 1846, le rugby y triomphe à la fin du siècle. Il se répand en France et élargit son public après la Première Guerre mondiale, apprécié comme exercice de discipline et source d'hygiène. Certains amis artistes de Blanche l'ont pratiqué : Max Jacob, Paul Morand, Giraudoux surtout, qui définit l'équipe comme "la proportion idéale des hommes"; Honnegger compose "Rugby" en 1928. Ce contexte éclaire l'intérêt de Blanche pour ce sport, qu'il a vu pratiquer à Offranville et peut-être à Londres, sa ville d'adoption.
Dans les trois peintures consacrées à ce sujet, Blanche centre l'action sur le jeu donc sur le dynamisme de la partie et l'élan des joueurs. À la même époque, Blanche a reçu commande d'une décoration à fresque d'une école ; cette œuvre est-elle en rapport avec cette commande ? Le progrès des préoccupations hygiénistes dans les années 1930, en particulier à l'adresse des jeunes, rendent cette hypothèse plausible.
L'œuvre est à retrouver salle 43 au musée des Beaux-Arts
Régates à Cowes de Jacques-Emile Blanche
Jacques-Emile Blanche, Régates à Cowes (île de Wight, Angleterre), vers 1920-193, huile sur toile
Don de l'artiste, 1938
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
Ce tableau est l'occasion de croiser le regard d'un peintre, existant entre fiction et réalité, et celui d'un écrivain, et non des moindres puisqu'il s'agit de Marcel Proust, dont Blanche réalisera en 1892 le plus célèbre portrait.
Dans La Recherche Proust livre à travers le personnage d'Elstir une réflexion sur la peinture, se plaçant du côté du peintre. S'il appréciait certainement Blanche, il ne fut sans doute qu'un modèle parmi d'autres pour cette figure de l'artiste qui révèle au narrateur l'intérêt esthétique d'une réalité neuve, jusqu'alors inaperçu : il s'extasia plus encore sur les réunions de yachting que sur les courses de chevaux et je compris que des régates, des meetings sportifs où des femmes bien habillées baignent dans la glauque lumière d'un hippodrome marin, pouvaient être, pour un artiste moderne, un motif aussi intéressant que les fêtes qu'ils aimaient tant à décrire pour un Véronèse ou un Carpaccio.
Et Albertine, l'une des jeunes filles en fleurs du romancier, déclare quelques pages plus loin : Comme j'aimerais être riche pour avoir un yacht, dit-elle au peintre.[…] Et comme ce serait joli d'aller aux régates de Cowes. Et une automobile ! Est-ce que vous trouvez que c'est joli, les modes des femmes pour les automobiles ? - Non, répondait Elstir, mais cela le sera.
Proust et Blanche expriment ainsi, chacun dans son art, un aspect de la modernité du XXe siècle. La semaine de Cowes, compétition nautique internationale qui s'est beaucoup démocratisée, se déroule en été au large de l'île de Wight.
L'œuvre est à retrouver en salle 43 au musée des Beaux-Arts
Les Footballeurs de Nicolas de Staël
Nicolas de Staël, Les Footballeurs, 1952, huile sur toile
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
© ADAGP, Paris 2024
Dans une lettre à René Char, Nicolas de Staël écrit : « Entre ciel et terre sur l’herbe rouge et bleue une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi avec toute la présence que cela requiert en toute vraisemblance. »
Le coup d'envoi. Pour l'artiste, depuis que la référence au monde est de nouveau possible dans la peinture, le champ d'exploration devient infini. Staël inaugure avec cette série une nouvelle manière de figurer. Libéré de l'abstraction avec laquelle il se sentait mal à l'aise, s'y étant rallié brusquement et peut-être sans nécessité véritable, il confia avec soulagement à Pierre Granville en 1965 : "Ah ! Je vais maintenant faire des paysages, des natures mortes, des nus, des portraits, des fleurs".
Pour André Chastel, la série des "Footballeurs" "fait coïncider la bataille des formes sur la toile et celle des joueurs sur le stade, l'insertion parfaite d'une bataille dans l'autre, avec une entente de deux principes présents dans la composition comparable à celle de "la Grande Jatte" ou, puisque ce rappel plaisait à Staël, des batailles d'Ucello" (Staël, 1972).
L'œuvre est à retrouver salle 44 au musée des Beaux-Arts
La course de cycliste de Arpad Szenes
La course de cycliste de Arpad Szenes
1954, huile sur toile
Donation Pierre et Kathleen Granville, 1969
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
© ADAGP, Paris 202
En 1954, Arpad Szenes assiste au passage du "Tour de France" cycliste près de Versailles. L'agitation de ce spectacle l'impressionne fortement. Il en garde un éblouissement qu'il va essayer de retranscrire aussitôt en le transposant en peinture. D'où ce tableau "La course cycliste" qui est, avec quelques autres, une étude pour "Les coureurs cyclistes".
Ce qui l'a intéressé : "Le mouvement, la vitesse, les couleurs, le panache". Il va chercher "les lignes de force du panache", vouloir traduire ce "côté étincelant, ce rouleau de couleurs qui se déroule, qui dure deux minutes et qui reste ensuite dans les yeux".
Il faut prendre garde ici cependant de ne pas voir dans cette peinture le déplacement d'un seul coureur, ainsi que l'ont peint les futuristes qui essayent de donner l'illusion du déplacement et de la vitesse, en décomposant sur la toile les différentes phases du mouvement. C'est le peloton tout entier des cyclistes lancés à pleine vitesse que montre Szenes avec ses ronds multipliés se déplaçant sur un arc de cercle. Il se place ainsi malgré tout dans la tradition futuriste qui a voulu exalter, avec des oeuvres comme "Dynamisme d'un cycliste" de Boccioni, "Le cycliste" de Nathalie Gontcharova ou même "Le coureur cycliste" de Jean Metzinger, tout à la fois la vitesse, la machine et l'effort physique de l'homme. Mais l'artiste estime qu'avec ce tableau, "le seul dans son oeuvre contenant une anecdote", il a "un peu trop raconté une histoire".
L'œuvre est à retrouver en salle 44 au musée des Beaux-Arts
Trois danseuses de Karl-Jean Longuet
Karl-Jean Longuet, Trois danseuses, 1950, plâtre patiné
Donation Boisecq-Longuet, 2021
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay
© ADAGP, Paris 2024
Karl-Jean Longuet était un grand amateur de musique et de danse. Avec Les Trois danseuses, il saisit le rythme des corps dans l’espace et donne une sensation d’instantanéité au groupe. L’héritage des études de danseuses d’Auguste Rodin est très présent dans cette œuvre. Comme son prédécesseur, Longuet s’intéresse au dynamisme des figures dans l’espace et à la représentation du mouvement.
L'œuvre est à retrouver en salle 45 au musée des Beaux-Arts
Les réserves des musées aussi regorgent d'œuvres sur le thème du sport. Préservées à l'abri des regards pour des raisons de conservation, les réserves abritent quelques trésors. Découvrez-les en exclusivité !
Intaille dite Course de quadriges
Intaille dite Course de quadriges
Commune de Saint-Léger-sous-Beuvray, Saône-et-Loire ?
I-IIe siècles de notre ère ou XIXe siècle
Pâte de verre imitant l’améthyste Dim. : 3,5 cm x 2,8 cm
Musée archéologique de Dijon
Le musée archéologique de Dijon conserve de nombreuses intailles antiques. Il s’agit de gemmes gravées de figures en creux qui décorent des bijoux ou du mobilier. Elles ont aussi parfois un rôle symbolique ou fonctionnel, comme leur utilisation en sceau.
Celle présentée ici est une grande intaille ovale en pâte de verre imitant l’améthyste, qui est ornée d'une scène de course de chars se déroulant dans le Cirque Maxime, ou Circus Maximus en latin. La partie supérieure représente le mur central, nommé spina, autour duquel a lieu la course. Peu élevé, mais large de plusieurs mètres, ce mur est encadré de bornes coniques appelées metae et est surmonté de divers éléments : au centre trône l’obélisque, autour duquel sont notamment visibles des portiques, la statue de Cybèle chevauchant un lion, des statues, une victoire sur colonne et un autel. Dans la moitié inférieure de l’intaille, sept quadriges (noms donnés aux chars attelés à quatre chevaux) sont placés au premier plan, sur deux rangs, avec derrière eux, un cavalier et deux hommes à pied.
Cette scène très détaillée reprend les codes classiques des représentations de courses de chars de l'époque romaine. Elle ressemble en de nombreux point à un relief antique, daté du IIIe siècle de notre ère et découvert à Foligno, en Italie.
L'intaille présentée ici est censée provenir de fouilles effectuées sur la commune de Saint-Léger-sous-Beuvray, en Saône-et-Loire, mais d'après l'inventaire du Musée "la provenance n'est pas certaine". Si elle est antique, elle est probablement datée du Ier ou du IIe siècle de notre ère, comme la plupart des intailles représentant des scènes de cirque. Sa troublante ressemblance avec le relief de Foligno et la forme très arrondie de ses volumes laissent cependant penser qu'il pourrait s'agir en réalité d'un moulage, probablement effectué au XIXe siècle. Dans ce cas, cette intaille aurait au moins le mérite de montrer que l'intérêt porté aux courses de char, sport roi à Rome, a traversé les siècles et les frontières.
Jouet basketteur
Jouet basketteur provenant du marchand de jouet Guy Verrière de Dijon
Date d'utilisation : avant 1986
Bois, métal, filet et cercle métallique H. 20 cm
Musée de la Vie bourguignonne
Ce jouet est constitué d'un basketteur monté sur un socle et tenant un support métallique dans sa main gauche. Un système de poussoir sur le socle permet de balancer la main droite du personnage le faisant ainsi lancer la balle. En face, un panier de basket composé d'un filet et sur un support en bois. La balle est légère de type balle de ping-pong. Un ingénieux système pour apprendre les rudiments du basket !
Ce jouet ancien a été commercialisé à Dijon par la maison Verrière, en activité jusque dans les années 1980 en centre-ville. Il est actuellement exposé au musée de la Vie bourguignonne dans la reconstitution de la vitrine de la boutique Verrière.
Carte postale de l’Éveil sportif
Cartes postales de l’Éveil sportif
Imprimeur Louys Bauer
20e siècle (1ere moitié)
Procédé photomécanique sur papier H. 9 cm ; L. 14 cm
Musée de la Vie bourguignonne
Avec l’instauration de l’école obligatoire par Jules Ferry en 1882, les vacances deviennent en quelque sorte un droit pour les enfants. C’est en réponse à ce manque qu’apparaissent les patronages. Les premiers sont catholiques et se donnent pour mission d’inculquer aux enfants des notions que leur famille, ni l’école laïque, ne leur enseignent.
Ainsi, l’Éveil sportif est crée en 1906 par l'abbé Antoine Collette, vicaire de Saint-Pierre à Dijon. Il accueille les enfants de 9 à 13 ans, 2 jours par semaine (jeudi et dimanche), puis également au mois d’août. En 1919, le patronage est transféré du 4 rue Pierre Thévenot au 27-29 rue Jean-Baptiste Baudin et fusionne avec l’Œuvre catholique de la jeunesse ouvrière (fondée en 1861 par l'abbé Cordier).
Les bâtiments comportent une salle de théâtre, de cinéma, un gymnase. Les jeunes y pratiquent la gymnastique, mais également la musique. Une propriété est achetée en 1931, dans la Combe saint-Joseph, autrefois une bergerie, elle devient leur camp de vacances.
Le musée de la vie bourguignonne conserve plusieurs séries de cartes postales sur ces premières colonies de vacances.
Bons Points édités par la Manufacture Pernot
Bons Points édités par la Manufacture Pernot
Date d'utilisation : 1900-1945
Papier imprimé H. 8 cm ; L. 5 cm
Musée de la Vie bourguignonne
Dans le contexte scolaire, le bon point est un système de récompense : le professeur remet un bon point – petit bout de papier cartonné – à l'élève qui s'est bien comporté ou qui a bien travaillé. Ce système a été très utilisé dans les écoles élémentaires françaises dans la première moitié du XXe siècle et était encore en cours dans certaines communes jusque dans les années 1990. Il n'est désormais que très peu usité.
La Manufacture Pernot, établie à Dijon entre 1869 et et 1980, produit des biscuits et sucreries. Elle ajoute à son arsenal publicitaire (boîtes, affiches, bibelots) l'impression de bons points à destination des écoles. Les perspectives hygiénistes des années 1930 sont visibles ici dans cette série consacrée à la pratique sportive : le cerceau, le rugby, la musculation et la natation sont mis en avant.
Associé à chaque image, un « conseil d'hygiène » : « apprenez à resprirer par le nez, fermer la bouche », « 10 minutes d'exercices d'assouplissement chaque matin », « ne buvez pas froid si vous avez trop chaud » ou encore « prenez un bain ou une douche au moins une fois par semaine ».
Au dos de chaque bon point, la réclame pour les biscuits Pernot, sous forme d'un diablotin joue sur l'équilibre bien/mal en enjoignant les enfants à demander à leur mère une récompense pour avoir été sages.
Principe d'éducation et d'instruction relativement désuètes, ces bons points sont conservés au musée de la Vie bourguignonne, au sein d'une vaste collection dont les thèmes portent également sur la faune ou la flore.